Un hommage aux femmes qui marchent pour se libérer
Dans Méfiez-vous des femmes qui marchent, Annabel Abbs nous offre une histoire inspirante et pleine de vie, centrée sur la quête de liberté. À travers les récits de femmes célèbres du XXe siècle, elle explore un sujet simple mais essentiel, marcher ! Mais pas de n’importe quelle manière. Marcher seule, marcher loin, marcher librement. C’est un hommage à la liberté des femmes, à la reconquête de l’espace public.
« Pendant des siècles, la mobilité a été réservée aux hommes. Les femmes étaient confinées, immobiles, casanières. Chez nous – nous disait-on – nous étions en lieu sûr. Et pourtant, pour bien des femmes, le danger était infiniment plus grand chez elle que dans les lieux sauvages. » Chap 4.
Plus qu’un roman, un récit, c’est un journal de bord, un manifeste
Annabel Abbs elle mêle intelligemment récit personnel, recherches historiques et méditations philosophiques. Elle-même marcheuse, elle suit les traces de ces femmes pionnières, marginales ou incomprises, qui ont choisi de fuir les salons, les obligations domestiques et les injonctions sociales en chaussant leurs bottes. Elle interroge le lien entre la marche et la créativité, la nature et l’indépendance.
« Quand je reviens de ma randonnée Gwen John (c’est ainsi que je l’appelle), plusieurs amies veulent savoir quel effet cela m’a fait de me retrouver toute seule pendant dix jours. Je ne me suis pas ennuyée ? Sentie seule ? Ma famille m’a-t-elle manqué ? Est-ce que j’ai dû remettre des mecs à leur place ?
Mes réponses sont d’une grande sobriété. J’ai honte de reconnaître que ma famille ne m’a pas manqué, que je ne me suis jamais ennuyée, que les agresseurs n’existaient que dans mon imagination tendancieuse. Mais j’ai surtout honte d’admettre à quel point j’ai pris plaisir à ma propre compagnie. » Annabel Abbs, parlant d’elle-même, Chap.4
Ce n’est pas un livre sur la performance mais sur le droit de marcher seule sans se soucier du regard des autres. À une époque où la femme seule dehors continue d’être jugée ou mise en danger, Abbs nous rappelle que chacun doit acquérir cette liberté et la conserver.
« En parcourant des lieux généralement réservés aux hommes, elle faisait la preuve de sa présence physique, mais aussi de son autonomie et de son énergie. » en parlant de Simone de Beauvoir. Chap. 6.
Une réflexion féministe originale et accessible
Le titre, provocateur, annonce bien la tonalité de l’ouvrage : Méfiez-vous des femmes qui marchent, car elles pensent, elles changent, elles dérangent. C’est un féminisme qui prend le large, au sens propre comme au figuré. En redonnant vie à ces femmes qui ont marché à contre-courant de leur époque, Abbs nous pousse à repenser notre rapport au monde, au corps, à la solitude et au silence.
« En faisant ses randonnées, chacune de ces femmes a découvert une nouvelle façon d’être, une manière d’exister à travers son corps, son physique, ses sens. » Chap. 8.
Ce livre est aussi un hommage à la lenteur, à la désobéissance douce, à l’intuition. Il fait du bien à l’âme. Il donne envie de se lever, de sortir, de marcher… sans but, sans montre, sans justification.
Conclusion
Méfiez-vous des femmes qui marchent est un livre qui inspire et donne de la force. Annabel Abbs redonne à la marche, ce geste apparemment anodin, toute sa charge politique et poétique. Ce n’est pas un simple récit de voyage, mais une déclaration de liberté. Avec ce livre j’ai sentiment rare d’avoir une compagne de route, invisible mais bien présente.
Un livre que j’ai vraiment adoré.
« Virginia Woolf pensait que les femmes avaient besoin d’une chambre à elles. May Sarton croyait qu’elles avaient besoin de temps à elles. Et moi ? Moi, je crois que les femmes ont besoin d’un trajet à elles. En plein air. Loin de l’enfermement bétonné de la grande ville. Entre terre et ciel. Au bord de l’eau. » Annabel Abbs. Chap. 3.
Et toi, as-tu déjà marché seule, longtemps ?
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