Pourquoi m’est-il difficile, impossible de répondre à ce genre de questions ?
Lorsque j’étais jeune je courais tous les soirs avant mes entraînements et j’aurai pu vous dire ma moyenne sur 20 km et mon record… Mais en randonnée je ne cherche pas la performance ni de record, ce n’est pas, mais vraiment pas dans mon objectif.
Sima, lorsque tu prépares des parcours tu établis bien des étapes d’une certaine distance !
C’est vrai, mais…
Préparation de mes étapes et la réalité.
Plusieurs possibilités s’offrent à moi :
- je prends un parcours connu avec des étapes prédéfinies,
- je m’inspire un tracé qu’une personne a publié sur le web,
- je trace moi-même mon parcours en imaginant mes spots de bivouac et/ou camping.
La réalité sur la distance :
- en fonction de ma forme ou ma fatigue je peux décider d’allonger une étape ou de la raccourcir,
- mon temps de marche et la distance ne sont pas inscrits dans le marbre, je m’arrête pour prendre des photos, pour admirer certains paysages, pour boire, grignoter, discuter lors d’une rencontre,
- Je m’imagine des spots de bivouacs ou d’hébergement mais parfois in-situ ça ne colle pas et il faut s’adapter.
Quelques exemples de la différence entre la théorie et la réalité du terrain.
- En Auvergne j’imaginais un spot de bivouac au bord d’un ru (sur le papier, les cartes IGN vous donnent les dénivelés par tranche de 10 m), in-situ le ru suivait bien le sentier mais dans un contre-bas à pic de 4 m, totalement inaccessible et en plus il était à sec, pas une goutte d’eau, la végétation environnante empêchait tout bivouac possible et n'avais pas suffisament d'eau. J’ai donc imaginé un spot à environ 8 km de là pasant par un point d'eau et j’en ai trouvé un super à mi-distance.
- Lors de mon troisième jour sur le sentier Compostelle, à Viver, j’espérais dormir dans un local municipal, j’ai dû allonger ma distance de 10 km, bien chargé en eau, pour trouver un spot de bivouac génial !
La distance que je parcours par jour :
- Je peux très bien faire une longue distance (plus de 30 km) comme je peux en faire une très courte (5 km). Ça dépend de ma forme, mon envie, du terrain, de la météo…. Et je peux même décider de me poser une journée à un endroit.
- La distance parcourue par jour n’a aucune importance car en randonnée nous ne faisons pas une course et chaque randonneur le fait à sa façon.
La vitesse moyenne de marche :
Je connais ma moyenne de marche sans interruption vu ce que j’ai dis plus haut ça ne signifie pas grand-chose. On peut marcher plus lentement, ou décider de "faire du km" (c’est-à-dire accélérer le pas) quand un tronçon nous plaît moins. La vitesse moyenne de marche n’a pas plus d’importance que le nombre de kilomètre par jour.
Pour la différence entre balade et randonnée je donne quelques pistes théoriques.
Généralement on situe :
- La balade santé de 2 à 5 km pour une durée pouvant aller à 3 h
- Promenade de 3 à 10 km pour une durée pouvant aller à 4 h
- La randonnée de 12 à 32 km pour une durée pouvant aller à 8 h (mais on peut faire moins...)
Marches plutôt sportive :
- La marche d’endurance de 20 à 100 et plus pour une durée pouvant aller de 5 h à pas de limite, la vitesse est plus ou moins à 5 km/h
- Marche AUDAX® démarre à 25, 50, 100, 150, 200, etc avec une allure de 6 km/h minimum. La marche AUDAX® peut-être aménagée de pauses ravitaillement, par exemple pour une marche AUDAX® de 25 km = 5 h soit 4h10 de marche et 50 minutes de pause, pour une marche AUDAX® de 100km en 20h (16h40 de marche et 3h20 d'arrêts)...
- Marche rapide[1],
- Marche nordique (après un stage auprès de la FFRandonnée, j’ai décidé d’en faire une par semaine)
- Marche afghane (perso, je m’y suis essayé, je n’ai pas trouvé mon bon rythme, je n’ai pas insisté non-plus)
Conclusion
Évitez ce type de questionnement, d’ailleurs ceux qui répondent par la performance m’intéresse peut. En prenant des photos, je m’arrête souvent, mais imaginez ceux qui transportent un équipement plus lourd, ou ceux qui prennent le temps de se mettre en scène (en se photographiant ou se filmant sous différents angles, en descendant ou en montant) ; cela demande l’usage d’un trépied, des allées et retours incessants... Vous comprenez sûrement que la quantité de kilomètres parcourus ou la vitesse moyenne ne sont pas des critères importants. En randonnée, ce qui compte vraiment, ce sont les souvenirs que vous emportez avec vous, que vous gardiez pour vous-même ou que vous partagiez plus tard (avec vos proches, sur un site web, les réseaux sociaux, etc.), qu’ils soient capturés en images, en vidéo, ou simplement dans votre esprit. L’essentiel réside dans l’expérience de votre randonnée, bien au-delà des chiffres de distance et de vitesse.
Ce qui importe le plus, ce sont vos propres sensations, positives ou négatives. La randonnée offre également l’opportunité de se reconnecter avec soi-même.
Citation :
Lenteur
[…] Le marcheur est le seul maître de son temps, il décide de son rythme de progression, s’arrête à sa guise pour observer un détail du paysage ou une source, plonger dans l’eau fraîche d’un lac ou d’une rivière, ou pour musarder dans l’herbe, observer un cortège de fourmis ou suivre le cheminement tortueux d’une couleuvre ou d’un orvet. […]
La marche déjoue les impératifs de vitesse, de rendement, d’efficacité, elle n’en a même rien à faire. Elle ne consiste pas à gagner du temps mais à le perdre avec élégance. Il ne s’agit plus d’être pris par le temps mais de prendre son temps. […] David Le Breton "Marcher. Éloge des chemins et de la lenteur"
L’article vous à plus ou vous avez des remarques, les commentaires sont là pour ça.
Le billet "Rando – Tu fais combien de km par jour" est apparu en premier sur le blog de Sima78.
Note(s)
- ^ [...] De nos jours, celle-ci se pratique sous le nom de marche rapide, ou marche rapide sportive. Elle se pratique généralement à une vitesse allant de 5 km/h à 7,5 km/h [...]Source wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marche_%C3%A0_pied#La_marche_rapide_sportive
6 réactions
1 De GG-Tau-A - 10/07/2024, 17:22
Entièrement d’accord, la randonnée n’est pas une question de performance mais de plaisir.
2 De Rolland-o - 10/07/2024, 18:30
On m’a aussi souvent posé la question : Tu marches pendant combien d’heures ? À cela je réponds, ça dépend si je me perds ou pas
3 De Iceman - 11/07/2024, 06:33
Bien résumé. Je commence en général par me remettre à des parcours de 10-12km pour que le corps se réhabitue...Et puis après ça dépend aussi de la configuration du terrain. Un parcours plat, ça peut aller sur du 25km et même plus sur une bonne journée, quand parfois je serai aussi sur du 7-10km si c'est plus accidenté. Il m'est arrivé aussi de faire demi-tour quand je trouve ça trop risqué par rapport à mes chevilles, par rapport à la météo (un fois j'ai été pris dans un brouillard dense où l'on ne voyait pas à 2 m... sur un chemin escarpé). Parfois je me donne aussi des challenges quand c'est peu intéressant (route bitumée ou traversée d'une zone semi industrielle en liaison). Mais ce qui compte surtout, c'est d'écouter son corps, gérer l'endurance et les petites blessures, savoir s'arrêter pour les soigner plutôt que d'arriver en sang...Là où il y a de la gêné, il n'y a pas de plaisir.
4 De Sima78 - 12/07/2024, 07:26
@GG-Tau-A : Le plaisir avant tout !
@Rolland-o : Bonne réponse, se perdre ou ne pas se perdre… j’ai dans mes brouillons un articles sur le sujet !
@Iceman : Habituer son corps est une bonne chose, et si l’on en a pas le temps, commencer la marche doucement, bien en deçà de notre rythme habituel. Être à l’écoute de son corps : Lorsque l’on a une fragilité connue, on y est attentif, par contre, lorsque tout va "bien" on a souvent une tendance à nous sur-estimer (adopter un rythme trop rapide, négliger des pauses, sous-estimer une douleur qui survient, etc.). Savoir écouter son corps c’est faire preuve d’humilité envers soi-même. Savoir s’arrêter à temps pour se soigner et pouvoir continuer à avoir du plaisir.
5 De Tom23 - 12/07/2024, 18:27
C'est aussi l'avantage de porter sa maison sur le dos:
On s'adapte au terrain, à la météo, à notre état de forme ou à nos envies.
Ce qui peut éventuellement forcer à marcher plus vite, c'est le temps alloué à la rando.
6 De Sima78 - 13/07/2024, 10:03
@Tom23 : C’est vrai que d’avoir sa maison sur le dos permet lorsque l’on est fatigué de se trouver un spot de bivouac où si l’on est forme poursuivre plus loin que prévu. Alors que lorsque l’on randonne de gîte en gîte on doit terminer l’étape pour trouver le repos bien mérité.