C’est la première fois que je randonne en dehors de la montagne, déjà en Auvergne j’avais été étonné par le nombre de barbelés et propriétés privés, mais il reste de magnifiques coins de bivouac. En Bretagne les coins de bivouac sont assez rares, où je n’ai pas su les trouver, là où il y a de magnifiques paysages c’est souvent interdit. J’ai bien vu des jeunes qui ont dormi à la belle étoile, mais bon. Alors que je comptais faire 2 campings lors de mon circuit, j’ai finalement passé toutes mes nuits en camping, sous tente, parfois bungalow lorsque je souhaitais plus de confort pour soigner mon pied. Alors naturellement, ce n’est plus le même budget. J’ai un souci à la cheville gauche ce qui m’inquiète pour le début de la randonnée le lendemain. Je suis arrivé dans l’après-midi à Le Faou que j’ai visité, j’ai dîné, dormi et petit-déjeuné à l’hôtel.

Déroulement

Étape 1 – Le Faou → Landévennec
24,467 km Temps : 7h37 Déplacement : 5h

Je me suis mis de la pommade et me suis massé la cheville la veille et le matin même. Je me concentre sur ma marche, mon posé de bâtons… Tellement concentré que je rate une marque sur ma droite et me fait faire un kilomètre pour rien (deux avec le retour). Je rencontre un couple qui marche bien et très léger, pas de tente, ils dînent, dorment et petit-déjeunent en gîte ou hôtel. Ils m’apprennent qu’à Landévennec, en plus du camping municipal il y a aussi un gîte et une épicerie municipale. Nous faisons une pause café juste avant le Pont de Térénez. Nous séparons juste après le pont, eux partent direction sud-Est, moi Nord-Ouest. À Landévennec j’opte pour le gîte, pour 10 € de plus j’ai une chambre de trois pour moi tout seul avec douche et toilette indépendant.
Bravo à la municipalité de Landévennec qui rend leur commune accessible aux marcheurs et qui donne franchement envie d’y aller !

Étape 2 – Landévennec → Le Fret
27,719 km Temps : 8h10 Déplacement 5h57

Pommade et massage de la cheville gauche… On attaque par un sentier en sous bois qui longe la mer sur notre droite, il y a pas mal de dénivelés. Si je trouve le parcours dans un premier temps sympathique, à l’ombre et non en plein cagnard au bout d’un moment je le taxe de très monotone, voire ennuyeux, toujours le même paysage. Lorsqu’en sortant de la forêt pour contourner l’Ècole Navale et que je constate sur ma carte que le chemin côtier me renvoie sur le même type de sentier jusqu’à la fin d’étape je dis non ! Je décide de visiter l’intérieur des terres, je prends plein Sud, puis Ouest j’arriverai au camping de Gwel Kaer par le Sud par (comme dirait Sylvain Tesson) les chemins noirs. J’ai apprécié mon choix, je n’ai croisé personne, vu des coins sympa pour bivouac mais je n’avais pas assez d’eau.

L’on me dit que pour l’étape de demain, le GR a été modifié, beaucoup plus court car il y a des travaux à la Pointe des Espagnoles. Une jeune fille s’installe à côté de moi, elle fait le circuit inverse et me confirme que le GR est momentanément modifié, mais elle n’en a pas tenu compte et la route, elle, est toujours ouverte et passe par la Pointe des Espagnoles.
Je ferai donc comme elle.

Étape 3 – Le Fret → Camaret sur Mer
30,801 km Temps : 8h33 Déplacement : 6h27

Le rituel du soin de ma cheville matin et soir… Le trajet Le Fret La pointe des Espagnoles est particulièrement ennuyeux, on se frotte à la brûlure du bitume sur une départementale. En effet, il n’y a rien à voir à la Pointe des Espagnoles qui est fermé par des barrières de chantier. Il y a un parking neuf presque terminé avec des sanitaires pas encore ouvert, donc pas de point d’eau pour le moment. Le retour Ouest de la Pointe des Espagnoles j’en prends plein les yeux c’est magnifique, de nombreux vestiges de la seconde guerre mondiale (blockhaus), de gros dénivelés… Par contre sous ce cagnard je suis juste, très juste avec ma gourde d’un litre, il me reste à peine 20cl, j’humecte ma bouche de temps en temps je ne veux pas me retrouver avec une gourde totalement vide, j’accélère le pas, je me fais une ampoule au niveau des ligaments métatarsiens transverses. Je passe par le camping de la plage de Trez Rouz où je bois deux cocas frais cul-sec (moi qui ne bois jamais de soda) et rempli ma gourde. On m’indique mal le chemin que je ne vérifie pas et me retape du bitume jusqu’à Camaret.

Au camping je prends un bungalow premier prix, fais sécher ma tente, perse mon ampoule mets un pansement.

Je pars visiter Camaret, et fais une partie du GR34 dont retour à mon camping par derrière, je ne l’ai pas tracé et c’est ce que je ferai de moins lors du départ.

Étape 4 – Camaret sur Mer → Goullien
16,074 km Temps : 4h52 Déplacement : 3h56

Je pars très tôt, mon sac est plus léger avec ma tente sèche, au bout de vingt minutes de marche mes douleurs deviennent supportables et je profite pleinement des magnifiques paysages, par contre lors des pauses je n’ose pas enlever mes chaussures et à chaque redémarrage il me faut un certain temps pour ne pas boiter. J’arrive tôt au camping de la plage de Goullien. J’y plante ma tente et fait plein de rencontres avec des randonneurs et randonneuses, on échange sur des avis sur les matériels, des astuces et autres. Nombreux vont prendre des photos de ma tente 1 place ultra légère. Je prends soin de mes pieds, le pansement seconde peau n’a pas tenu et a fait une boule j’ai maintenant toute une série d’ampoule sur la largeur du pied au niveau des ligaments métatarsiens transverses.

Étape 5 – Goullien → Morgat
27,261 km Temps : 9h24 Déplacement : 6h17

J’anticipe car il n’y a pas de point d’eau jusqu’à Morgat et achète une bouteille de 1,5L, je pars donc chargé de 2,5L d’eau plus une tente mouillée de rosée. Si l’on pensait avoir tout vu en beauté depuis la descente de la Pointe des Espagnoles, il n’en est rien, les paysages sont à couper le souffle, on a envie de s’arrêter toutes les quinze minutes pour contempler, prendre en photos de ce que l’on voit devant et ce que l’on a passé en nous retournant. C’est MA-GNI-FI-QUE !

Proche de Morgat, je n’en peux plus, j’ai mal à mon pied droit, une douleur survient à mon genou gauche. Je regarde ma carte et constate que si je remonte un peu je peux rejoindre un chemin qui semble plus plat, je terminerai les deux trois kilomètres par-là mais ça me semble interminable jusqu’au camping des Bruyères. Je prends une douche prends soin de moi, le moral est remonté au top !

Anecdote: le matin je regarde de loin une corneille qui tourne autour de ma tente et pique de son bec ma petite savonnette posée sur une pierre près de ma tente. Je m'en amuse jusqu'au moment ou elle prend ma savonnette dans son bec et part avec, elle m'a volée ma savonnette!!??... J'ai dû racheter un flacon de gel douche (il n'y avait pas de savonnette) au camping de Pentrez et bien plus cher que dans un commerce habituel.

Étape 6 – Morgat → Pentrez
29,279 km Temps : 9h02 Déplacement : 6h08

La nuit il y a eu une grosse averse, ma tente est bien étanche je ne l’avais pas testé dans ces conditions. Le matin je plie ma tente mouillée de rosée car j’ai beau l’essuyer elle se remouille aussitôt… Et c’est reparti ! À la sortie de Morgat je salue deux marcheuses, à la vue de leur sac je me dis qu’il s’agit de deux marcheuses à la demi-journée qui font des balades de santé, et c’est bien… Elles me suivent et c’est rare, soit je marche plus lentement que d’habitude soit ce sont de vraies marcheuses. À chacune de mes haltes pour vérifier le parcours car il est particulièrement mal fléché dans cette zone elles me rattrapent et l’on discute, elles viennent de Roscanvel ou de par là et vont à Tréboul comme moi. Ce sont de vraies marcheuses, on sympathise et nous décidons de marcher ensemble. Je traîne un peu la patte dans les descentes à cause de mon genou je les rattrape sur les plats et montés, elles ont un rythme constant et soutenu pas lent, ce sont de bonnes marcheuses et j’apprécie leur compagnie qui me font oublier mes douleurs. Nous traversons de magnifiques paysages différents des autres, ça ressemble à l’Irlande on fait des pauses pour contempler et prendre des photos, je passe une excellente journée avec elles. Nous dépassons le camping car le nom n’est pas explicite et revenons sur nos pas pour nous poser au camping Paradis Menez Bichen. J’ai pris un bungalow pour le confort à la sortie de la douche je ne peux plus poser mon pied à plat, je suis à la fin de ma vie, j’envoie des messages à mon ami pour lui dire qu’il y a de grande chance que j’arrête là, à une étape de la fin, je suis dégoûté ! Je me rends au bungalow de Josseline et Aude (j’ai changé les prénoms mais elles se reconnaîtront si elles passent par ici) car Aude m’a donné des conseils de soin avec du mercurochrome et m’en donne un flacon, j’ai confiance car elles ont fait des marathons et semi-marathons, elles savent ce que c’est que des ampoules douloureuses. Je me mets du mercurochrome, et m’allonge sur mon lit laissant pendre mon pied pour que ça sèche. Nous nous sommes donné rendez-vous au restaurant du camping, avant d’y aller je me fais un bandage serré et y vais en claquettes… Ça se passe pas trop mal, j’ai moins mal et nous passons une excellente soirée. Avant de dormir j’enlève le bandage et me remets du mercurochrome me masse le genou et la cheville.

Étape 7 – Pentrez → Douarnenez (Tréboul)
25,538 km Temps : 7h28 Déplacement : 5h26

Les conseils d’Aude ont bien fonctionné, ma peau est bien sèche et dure au niveau de mes ampoules. Je fais un bandage serré que je consolide avec de l’adhésif, une chaussette par-dessus le tout bien compressé dans ma chaussure et c’est la journée où j’aurai eu le moins mal depuis le début de mes ampoules. J’envoie un message pour dire à mon ami que je reprends ma randonnée. On poursuit sur des paysages toujours à l’Irlandaise, une bonne ambiance entre-nous, mon ami J-G nous attend à l’ombre à une heure de marche de Tréboul, on le taquinera à ce sujet car au bout d’une d’heure nous lui demandons si nous sommes encore loin et nous répond à une petite heure de marche… Cela dit il connaît parfaitement la région et nous fait une visite guidée de tous les lieux nous racontant leurs histoires, vraiment génial ! Nous terminons dans un bar à Tréboul devant une bière bien fraîche et bien méritée.

Les rencontres

Si je les ai déjà un peu évoquées, je trouve important de les relater.
Lorsque j’étais jeune randonneurs, il y avait très peu de jeune, il s’agissait d’une activité attirant davantage des vieux, puis lorsque j’ai repris c’était en Auvergne (3, je n’en ai noté qu’une sur le blog), sur des sentiers pas toujours fléchés (les chemins noirs) où je ne rencontrais absolument personne à part quelques travailleurs sur leur tracteur se rendant aux champs. Je randonnais tel un vieux loup solitaire aux poils blanchissant. J’échangeai avec d’autres randonneurs sur les forums ou réseau sociale (Mastodon) et c’est à travers cette randonnée que j’ai apprécié les diverses rencontres. J’ai été agréablement surpris par la diversité des randonneurs de tout âge et tout sexe, randonnant seuls, en couple, entre amis, en groupe. A Goullien un couple qui était là en camping vacances et non en randonnée mais qui pratiquent la randonnée légère, dès que j’ai planté ma tente sont venu la voir, m’ont apporté une chaise pliante ce qui améliore le confort, m’ont invité à boire une bière, et une autre en soirée, ils m’ont montré leurs duvets ultra-léger, doudoune, nous avons discuté matériel, m’ont donné une adresse de boutique, nous avons échangé nos téléphones et nos courriels. Lors du déjeuner au Cap de la chèvre deux jeunes pas beaucoup plus de vingt ans, l’un pratique déjà et initie son pote, ils ont dormi à la belle étoile, lorsque je dis que chaque nuit vers 3h30 j’ai un peu froid mais supportable car j’ai pris mon duvet le plus léger (720g) et que j’envisage en acheter un plus chaud pour un poids similaire… Le jeune me dit : vous avez un sac à viande en soie ? Moi : oui, mais c’est vrai que je ne l’ai pas utilisé… Lui : Mettez-le cette nuit, vous allez gagner 5°C alors qu’un duvet ultra-léger va vous coûter un bras sans vraiment gagner en poids… à peine plus de vingt ans et déjà plein de bon sens. La rencontre d’Aude et Josseline a été déterminante, par leur sympathie, leurs conseils et surtout le mercurochrome… Sans cette rencontre j’arrêtais à Pentrez, je leur en suis très reconnaissant. L’allemande que j’ai croisée plusieurs fois au Cap de la chèvre et qui a campé à côté de moi à Morgat et que je retrouve à Tréboul, elle cherche une pharmacie pour acheter de la crème solaire, elles sont toutes fermées, je lui donne la mienne et repars avec son sourire et son accent vers la Pointe du Raz… Bref, les rencontres humaines ont aussi leur importance en randonnée.

Conclusion

Très belle randonnée avec de magnifiques paysages, une mer avec des bleus parfois profonds et d’autres fois aux teintes bleu, vert pastel, les bruyères en fleurs.

j’aurais pu moins me charger en nourriture et donc être plus léger, j’avais deux batteries téléphone, une seule m’aurait suffi. Une randonnée que je conseille. Si j'ai fait le circuit en sept étapes, je n'ai pas marché sept jours d'affilés, je me suis posé une journée à Camaret et une autre à Morgat pour tenter soigner mon pied. C'est deux pauses n'ont pas été bénéfique car une journée n'est pas suffisant pour le rétablissement d'un pied bien abimé et je repartais avec les mêmes douleurs, donc plutôt une dépense supplémentaire. Si c'était à refaire je ne ferai pas de pause sauf en cas de problèmes musculaires (crampes) qui peuvent se rétablir en une journée.

Les plus
Les paysages, les dénivelés (les montagnards aimeront), les rencontres, campings municipaux et mention spéciale à la municipalité de Landévennec.

Les moins
Les tronçons bitumés, il y en a certains longs et pénibles, ne pas trouver de coin à bivouac mais je n’ai peut-être pas su les trouver. Des campings parfois chers alors que l’on demande juste à planter sa tente et prendre une douche.

Budget

Dans le budget n’est pas compris l’investissement en matériel, habillement, nourriture emportée.
Cartes ING 0518OT et 0418ET (frais de port compris) → 32,79 €
Allé/retour RER → 10 €
Bus chez-moi – RER → 2,10 €
Paris Quimper (TGV) 1er classe → 58,85 €
Quimper Le Faou Ligne bus 31 → 5 €
Hébergement Relais de la place, Le Faou, 1Repas du soir + 1 nuit + Petit-déjeuner → 85,88 €
Gîte municipal Landévennec → 17 €
Camping Tréveal (Le Fret) → 14 €
Camping municipal Camaret (abri en bois) → 30,22 € X2
Camping Goullien → 16,76 €
Camping les Bruillières à Morgat → 14 € X2
Camping Paradis Menez Bichen à Pentrez (bungalow) → 50 €
TGV Quimper Paris 2è classe → 29 €

Mon ami JG m'a donné un ticket de bus Tréboul - Quimper

Le billet Rando - Le Faou - Douarnenez (Tréboul) - GR34 - 7 jours est apparue en premier sur le blog de Sima78.