Quatre siècles nous sépare, cela a-t-il tant changé ?

Ce Roman agréable à lire est pourtant profond, déraisonnable et désinvolte, bref, puissant et beau ! Lydie met en miroir cette Espagne inquisitrice, archaïque des rois Philippe et notre société actuelle plus moderne, plus soi-disant démocratique et pourtant pas moins injuste, pas moins médiocre, pas moins violente, pas plus libre ! C’est avec beaucoup d’intelligence que la narratrice fait ce parallèle.
La censure ou l’auto-censure a-t-elle changé ? N’y a-t-il pas comme une continuité à travers les siècles passés ?
« Consolez-vous, Monsieur, la même intolérance sévit à notre époque : il est mal vu de plaisanter sur un certain nombre de sujets ; et l’on risque de ruiner sa carrière et parfois même sa vie si l’on pousse un peu loin l’esprit de raillerie. »

Une fois la colère et les réprimandes de Lydie Salvayre passées sur Cervantès elle lui livre son admiration et un véritable hommage pour la grâce et la force de son œuvre.

Un livre drôle, l’on rit beaucoup et sérieux à la fois, un livre qui donne à réfléchir sur notre présent. Un livre qui vous donne envie de lire ou relire « Don Quichotte de Manche » écrit par Miguel Cervantès. Livres que j’ai adorés !

Je vous mets plus bas deux extraits… Mais lesquels devais-je choisir ? L’on met généralement des extraits comme "apéritif" or ce roman se lit goulûment comme une gourmandise, c’est un tout et les extraits vous laisseront sur votre faim.

"Il apparaît clairement, à la lecture de cet épisode, que non seulement le Quichotte ne se réclame jamais des autorités en place pour légitimer ses actions, mais qu’il peut les pourfendre sans le moindre état d’âme s’il les estime injustes, malvenues ou horriblement barbares. C’est ce que j’exprime, peut-être de façon réductrice, en le déclarant anarchiste.
N’ayant, en tout cas, rien à perdre, aucune position à préserver coûte que coûte, aucun abri réconfortant pour y croupir en paix.
Vivant de peu.
Soucieux des autres.
Engageant une lutte sans merci contre les salauds de tout poil."

 

"Cette plume incisive, cette veine mordante qui s’exprime chez vous par éclairs, m’enchante au plus haut point, cher Monsieur, tout autant que m’enchante votre très stupéfiant féminisme.
Vous avez en effet créé dans votre roman "Don Quichotte de la Manche" la figure la plus féministe qui se puisse concevoir, sous les traits de Marcelle, une jeune femme très fière, très belle, très déterminée et qui a décidé de rester, dans l’Espagne ultramisogyne des rois Philippe, maîtresse de son destin.
Une exception.
J’ai presque envie de dire : un miracle."

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